Evaluation d’impact et reporting : quelles différences ?

Les notions d’évaluation d’impact et de reporting sont souvent employées pour décrire un même processus visant à prouver l’impact d’une organisation. Pourtant, ces deux notions ne servent pas les mêmes objectifs.
Cet article revient sur notre propre définition de l’impact et par déduction sur celle de l’évaluation d’impact faisant l’objet de méthodes spécifiques – nous permettant ainsi de mettre en lumière les différences entre évaluation d’impact et reporting.

L’importance des définitions
En évaluation, la notion d’impact ne connaît pas de consensus autour d’une définition unique. En tant qu’évaluateur, nous définissons l’impact comme « un ensemble de changements durables, positifs ou négatifs, attendus ou inattendus – engendrés par les activités d’une organisation et attribuables aux activités étudiées – de nature environnementale, économique ou sociale ».

Pour l’illustrer, reprenons le schéma de la chaîne de valeur de l’impact.

Ce dernier permet de différencier les impacts, définis comme les « conséquences imputables aux actions », des réalisations (« produits obtenus ») et des résultats (« effets immédiats ») (Avise, Impact social, de quoi parle-t-on ?, juin 2020).

Sur la base de ces définitions, la démarche d’évaluation d’impact repose donc sur deux objectifs clés :

D’une part, faire la preuve objective du changement et d’autre part, établir l’attribution de ce changement aux actions mises en œuvre par l’organisation.

L’importance des méthodes en évaluation d’impact
En évaluation d’impact, un indicateur en tant que tel n’est pas nécessairement preuve d’impact. Il peut s’agir d’indicateurs de caractérisation (typologies des publics bénéficiaires par exemple), d’indicateurs de performance (nombre de personnes touchées…) ou d’indicateurs de résultat (évolution de la situation des bénéficiaires…).

Concernant les indicateurs visant à démontrer l’impact d’une action, ce sont bien les notions de changement et d’attribution, évaluées par le biais de méthodes issues des sciences sociales, qui permettent de qualifier un indicateur d’impact. Par exemple, la méthode amont/aval rend possible l’évaluation objective du changement tandis que la méthode contrefactuelle permet d’attribuer des changements à une action (Improve, Méthodes et outils en évaluation d’impact : parlons-en !, janvier 2023).
A contrario, le reporting ne requiert pas l’emploi de méthodes de ce type. Il consiste en une remontée d’informations quantitatives à un ou des instant(s) donné(s), dont il est possible d’observer l’évolution dans le temps (accroissement d’activités ou du nombre de personne touchées par exemple).

Une autre différenciation clé de l’évaluation d’impact réside dans la nature des changements à évaluer, souvent de type psychosociaux. Si les méthodes et outils spécifiques évoqués ci-dessus permettent bien d’évaluer ce type de changements en évaluation d’impact, il est très difficile – voire impossible – de le faire dans le cadre du reporting.

Enfin, les données (si quantitatives) en évaluation d’impact nécessitent une analyse via des statistiques inférentielles, permettant de comprendre les mécanismes à l’œuvre et de généraliser les résultats obtenus à l’ensemble d’un public cible. Quant au reporting, les statistiques descriptives suffisent pour valoriser des chiffres clés et/ou les mettre au regard de données de références.

En résumé

L’évaluation d’impact permet de comprendre « Quels changements s’opèrent chez telle ou telle partie prenante » et « Dans quelle mesure ces changements sont dus à telle ou telle activité ». Alors que le reporting répond aux questions « Qu’est-ce qui est fait ?» et « Combien et quand cela est-il fait ? ».

Et si le reporting, tout comme l’audit ou l’évaluation de projet, diffèrent de l’évaluation d’impact, ils n’en sont pas moins complémentaires et souvent indispensables à une organisation visant une amélioration continue de son impact.

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