La Théorie du Changement (ToC) : outil indispensable de la démarche évaluative ?

La Théorie du Changement tire son origine et acronyme de l’anglais Theory of Change (ToC). C’est un outil connu de l’évaluation d’impact qui permet de définir le processus de changement social attendu d’une action/d’un programme d’action. Le plus souvent formalisée grâce à un outil de mind mapping*, la théorie du changement présente visuellement le processus de changement : d’un côté (à gauche) les actions portées auprès de la partie prenante préalablement identifiée et de l’autre (à droite) la mission sociale. L’ensemble des changements attendus – directs, indirects, court terme, long terme… – se déclinent entre ces deux axes.

Théorie du changement - Schéma simplifié

Pourquoi et comment la Théorie du changement peut elle s’inscrire dans une démarche évaluative ?

Nous vous expliquons dans cet article les 4 raisons qui nous laissent penser que la ToC est un indispensable en évaluation d’impact, et qui en font l’un de nos outils de prédilection.

1. La réalisation de sa théorie du changement implique nécessairement de (re)définir la mission sociale de son organisation.
Cette dernière étant l’objectif final visé par l’ensemble des actions portées par une organisation, elle va se trouver à droite de la ToC visuellement – comme la finalité de tout processus de changement. Souvent, la formalisation de la mission sociale se résume en une phrase clé qui permet à l’ensemble des parties prenantes de s’aligner ou de se réaligner sur une vision commune. Ce qui représente déjà en soi une réelle valeur ajoutée dans la vie d’une organisation.

2. La théorie du changement permet de formaliser des hypothèses théoriques sous-jacentes à un projet.
Ces dernières constituent l’ensemble des mécanismes permettant d’obtenir l’impact recherché. Il s’agit de formuler des hypothèses selon lesquelles nous estimons que les changements sociétaux vont survenir dans le temps. (Pour en savoir plus sur l’objectivation du changement : Improve, Evaluation d’impact et reporting : quelles différences ?, février 2023). Si nous parlons d’hypothèses théoriques c’est parce qu’elles n’ont pas encore été soumises à évaluation.

En parallèle, identifier les facteurs clés de succès est important pour comprendre à quelles conditions les changements s’opèrent et « garantir » leur réalisation. La représentation visuelle permet de prendre connaissance de l’ensemble de ces éléments – hypothèses et facteurs clés de succès – plus facilement et plus rapidement.

3. Construire sa ToC est l’opportunité d’identifier ou de mieux connaître les liens de cause à effet entre une action et un (des) changement(s).
Dans le processus de changement, il est possible d’observer des « boucles de rétroaction » : une influence mutuelle entre deux variables. Par exemple, l’atteinte de l’impact « Développer son réseau professionnel » peut à son tour amplifier ou ralentir l’impact « Acquérir de nouvelles connaissances sur un secteur d’activité ».

4. Enfin, une fois la théorie du changement finalisée, on dispose d’une visualisation exhaustive et détaillée de l’ensemble des changements à l’œuvre. Il est ainsi plus facile de prioriser les impacts clés à évaluer (puisqu’on ne peut jamais tout évaluer…!).
Il convient de  tenir compte des enjeux et contraintes de l’organisation pour effectuer au mieux cette tâche de priorisation. Afin de faciliter la prise de décision, il est intéressant de se poser les bonnes questions. Par exemple : « Cet impact est-il facilement mesurable ? », « Cet impact est-il essentiellement attribuable à mon action ? ». Ou encore « Est-ce un impact (in)direct, (in)désirable, (in)attendu ? », etc.

La priorisation des impacts est une étape importante pour ensuite pouvoir traduire ces impacts priorisés en termes d’indicateurs. La/les nature(s) de ces derniers conduisent à des choix de méthodes et d’outils de collecte adaptés pour la suite de l’évaluation (Improve, Méthodes et outils en évaluation d’impact : parlons-en !, février 2023).

En bref

La théorie du changement apparaît comme un outil clé en évaluation d’impact ayant vocation à évoluer dans le temps, même après la mise en œuvre de l’évaluation. En effet, au regard des résultats obtenus, il est intéressant de voir comment certaines hypothèses de départ peuvent être modifiées ou précisées.

Le plus souvent, la théorie du changement est utilisée en phase de cadrage comme une base de travail ou un socle permettant la création d’un référentiel d’indicateurs et des outils de collecte. Elle peut aussi être employée en phase d’analyse comme fil rouge pour tester les hypothèses et répondre à la/les question(s) évaluative(s). Enfin, il est aussi possible de construire la théorie du changement en amont d’un projet. Cela permet à une organisation d’établir sa stratégie d’impact pour, par la suite, valider ses hypothèses « sur le terrain ».

*Comme Xmind ou Miro par exemple.

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