Interview de Noémie Elkaïm, Co-directrice de l’association Comme les Autres : de la mesure d’impact social au contrat à impact

L’association Comme les Autres est accompagnée par notre cabinet Improve depuis presque 10 ans. Après deux mesures d’impact social au compteur et un contrat à impact en cours, nous revenons sur le parcours d’accompagnement de cette association. Retour d’expérience avec Noémie Elkaïm, Co-directrice de l’association Comme les Autres.

Pouvez-vous présenter l’association « Comme les Autres » ?

L’association Comme les Autres propose un accompagnement social global dynamisé par le sport et les sensations fortes aux personnes devenues handicapées moteur à la suite d’un accident. L’objectif de cet accompagnement est de faciliter le rebond vers une vie sociale et professionnelle épanouie.

Comment accompagnez-vous ces personnes concrètement ?

Notre accompagnement associe un suivi personnalisé par un·e travailleur·euse social·e et la participation à des activités collectives en mixité handicapés-valides, notamment à sensations fortes. Cette formule, directement inspirée de l’histoire des co-fondateurs de l’association, permet d’accélérer le rebond des personnes devenues handicapées moteur à la suite d’un accident vers une vie épanouie. L’accompagnement individuel dure environ un an et est global. Co-construit par le bénéficiaire et un·e travailleur·euse social·e de l’association Comme les Autres, il intègre tous les aspects de la vie : mobilité, accès aux droits, logement, vie affective, lien social, accès au sport, à la culture et aux loisirs, insertion professionnelle. Comme les Autres assure ainsi la continuité du parcours de reconstruction, de ses bénéficiaires, initié en centre de rééducation, en les accompagnant au moment de leur retour à la vie « ordinaire » dans leur remobilisation globale : physique, psychique, sociale et professionnelle. L’un des outils proposés aux bénéficiaires dans le cadre du parcours de reconstruction est un séjour-aventure sportif. Il s’agit d’une expérience intense et transformatrice qui agit comme une piqûre d’adrénaline pour les bénéficiaires. Ce sont à chaque fois 5 participant·e·s valides et 5 participant·e·s handicapé·e·s qui partent ensemble. Des activités sportives ou culturelles sont également proposées à nos bénéficiaires. Elles dynamisent le parcours d’accompagnement et elles contribuent au partage d’expérience et au gain en autonomie.

Vous vous êtes lancés dans une première mesure d’impact social il y a presque 10 ans, comment ça s’est passé ?

Notre première mesure d’impact s’est déroulée en 2016 et elle portait sur le séjour aventure-sportif. C’était important pour l’association Comme les Autres de pouvoir confirmer les effets de cet outil phare d’accompagnement. La mesure d’impact a permis de les démontrer réellement via un évaluateur tiers et ainsi d’appuyer notre discours auprès de nos partenaires, notamment de la Fondation la France s’engage qui nous accompagnait sur l’ouverture de nouvelles antennes en France.

Et votre seconde mesure d’impact social, que vous a-t-elle apporté ?

La deuxième mesure d’impact social était davantage orientée sur le retour d’expérience des bénéficiaires. Comme les Autres accompagne les personnes devenues handicapées moteur et œuvre dans leur parcours de reconstruction. Mais les résultats ont montré que les bénéficiaires n’avaient pas toujours conscience de la levée des freins qu’ils réalisaient avec notre accompagnement. La mesure d’impact nous a guidé sur ce point et nous a donc permis d’être encore plus efficaces sur notre accompagnement social.

L’association Comme les Autres réalise aujourd’hui un contrat à impact. Si vous deviez l’expliquer avec vos mots ?

Le contrat à impact est un outil de financement assez innovant en France qui lie trois acteurs, c’est-à-dire le porteur de projet, les investisseurs et l’État. Le concept naît d’un porteur de projet qui identifie un problème social et propose d’y apporter une solution. Ce projet va être financé par des investisseurs, essentiellement issus du secteur privé. Ensuite, ces investisseurs seront remboursés avec intérêts par l’État si le projet obtient les résultats escomptés sur certains indicateurs. Dans le cadre de notre contrat à impact nous avons priorisé 5 indicateurs, par exemple le nombre d’entrées en accompagnement ou encore le taux de sortie dynamique, incluant l’embauche et la formation.

En quoi le contrat à impact permet-il à l’association Comme les Autres de progresser en matière d’innovation sociale ?

Avant la signature du contrat à impact social il y a une phase de discussions assez longue et très riche. Pour nous cette phase a duré un peu moins de deux ans durant laquelle on a pu réfléchir sur le projet, se fixer des objectifs réalistes mais toujours ambitieux et définir un cadre. C’est une phase où le projet a été extrêmement challengé, notamment par l’État, mais aussi par l’évaluateur Improve et d’autres acteurs présents comme BNP Paribas. L’innovation sociale a clairement été améliorée grâce à ces discussions qu’il y a eu en amont de la signature du contrat à impact et qui ont été d’une grande richesse pour le projet.

Que vous a spécifiquement apporté l’accompagnement d’Improve dans votre démarche d’évaluation d’impact social ?

Notre collaboration avec Improve remonte à la première évaluation d’impact social réalisée en 2016. Depuis, le cabinet nous a accompagné sur notre seconde évaluation d’impact et a travaillé avec nous sur le projet du contrat à impact social. Le fait qu’Improve connaisse très bien le projet de l’association a été très précieux pour nous. C’est une collaboration de longue date dont je souligne l’efficacité et la rigueur. Il y a une relation de confiance entre l’association Comme les Autres et Improve qui n’empêche pas l’impartialité. Le cabinet a toujours été de bon conseil pour nous proposer des outils nous permettant d’améliorer notre projet, notamment en termes d’innovation sociale.

Quelles sont les prochaines étapes pour l’association Comme les Autres ?

La première étape c’est la pérennisation de l’action de l’association Comme les Autres, de manière générale, et la validation du modèle structurel qui est en cours de test mais, à ce stade, on ne rencontre pas de difficulté majeure. La deuxième étape ce serait d’assurer la pérennité financière de la structure. Et, sur le long terme, nous avons d’autres projets comme celui de poursuivre l’essaimage territorial.

Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à des structures qui hésitent à se lancer dans un contrat à impact ?

Le conseil que je donnerais c’est d’opter pour un projet qui vient en complément de l’action principale déjà menée par la structure et qui ne mettra pas en péril sa pérennité. Il faut que ce projet puisse s’éteindre à un moment donné, sans impacter la structure dans sa globalité.

Le mot de la fin ?

Pour moi, la mesure d’impact social est un véritable outil d’amélioration pour l’innovation sociale, elle est d’une richesse incroyable pour la prise de recul. Elle fait partie des nombreux outils qui nous permettent d’appuyer la légitimité de notre action. On aimerait poursuivre cette culture de la mesure d’impact, l’utiliser à l’issue du contrat à impact pour continuer de nourrir le projet et, à terme, développer une stratégie d’impact nous permettant de piloter nos actions.

Merci à Noémie Elkaïm, Co-directrice de l’association Comme les Autres, pour ce retour d’expérience ! 

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